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Mardi 13 mars 2018 - Tribune publiée par Le Monde
Tribune.
Vingt-six députés de La République en marche (LRM) ont publié une tribune
favorable au déploiement par Enedis des compteurs
communicants Linky (« Le Monde » du
2 mars 2018). Leurs arguments méritent d’être discutés… et même rectifiés.
En premier lieu, il faut noter que
ce texte aligne les affirmations gratuites et les slogans creux, certains étant
même scandés deux fois : « Les
compteurs Linky sont un outil majeur au service de la
transition énergétique », « Ils
permettent de piloter plus efficacement le réseau »,
« Ils permettent aux consommateurs de mieux maîtriser
leur consommation électrique » ou
(encore !) « C’est une composante
majeure de la transition énergétique »…
Un
abonnement plus cher
Par ailleurs, les signataires
avancent une étude qui assure que le Linky « pourrait
permettre jusqu’à 23 % d’économies d’énergie » :
on n’est pas loin du régime qui permet de « perdre 25 kg en 5 jours
en mangeant à volonté ».
Mais il ne faut pas oublier que le
distributeur Enedis est une filiale à 100 %
d’EDF… qui vit en nous vendant de l’électricité et qui, déjà proche de la
faillite, n’aurait assurément pas autorisé un programme sabrant ses rentrées
financières. De toute façon, alors que le déploiement des Linky
n’en est qu’à son début, il apparaît déjà un peu partout que, loin de permettre
des économies, ces compteurs démultiplient beaucoup de factures et obligent de
nombreux usagers à prendre un abonnement plus cher pour ne pas disjoncter
continuellement.
Les députés LRM démontrent qu’ils
sont autant « hors-sol » que leurs prédécesseurs en avouant d’abord
qu’ils ne sont que des courroies de transmission au service de l’Elysée, louant
« la transition énergétique promue actuellement au plus
haut sommet de l’Etat français ». Mais le
plus édifiant est qu'ils prétendent - peut-être le croient-ils vraiment ! -
qu'"il n’existe pas de dysfonctionnement et ou de plainte
généralisés."
Or, les innombrables articles de la presse quotidienne
régionale en attestent, plus de 500 municipalités (de tous les bords
politiques) s'opposent aux compteurs communicants, des centaines de collectifs
"Stop-Linky" se démultiplient partout en
France, et leurs réunions d'information réunissent des salles bondées où les
gens viennent se plaindre de tous les maux que les compteurs Linky leur font déjà subir : surfacturations, incendies,
dysfonctionnements ou même destructions des appareils électroménagers, sans
oublier les diverses exactions opérées sur la population par les sociétés
privées mandatées par Enedis pour imposer les
compteurs communicants.
Par ailleurs, concernant les ondes et la question sanitaire,
le texte se contente de reprendre mot pour mot les éléments de langage de
l'industriel Enedis, oubliant d'ailleurs que les Linky doivent être dotés dans un second temps des ERL
(émetteurs radio Linky) qui vont transformer chacun
de ces compteurs en puissant émetteur wi-fi : les
mesures effectuées aujourd'hui ne peuvent donc mettre en évidence les émissions
générées demain. Il est d'ailleurs évident que cette opération en deux temps
n'est pas fortuite et vise à tromper la vigilance citoyenne et à permettre aux
agences d'Etat d'être parfaitement rassurantes… le temps que les Linky soient installés.
D'autre part, il faudrait être bien naïf pour accorder le
moindre crédit aux belles assurances données concernant l'utilisation des
innombrables données qui vont être captées sur nos vies par les compteurs Linky : une foi ceux-ci installés, il faudra 5 minutes au
gouvernement en place, que ce soit dans 3 ou 5 ou 10 ans, pour décréter que,
finalement, ces données seront utilisables sans l'accord des usagers.
On peut d'ailleurs prédire l'utilisation des bons vieux
arguments comme "Ceux qui n'ont rien à cacher n'ont rien à craindre"
ou "De toute façon, il y a déjà Facebook et
les téléphones mobiles". Or nous avons le droit de protéger notre vie
privée et il est fortement conseillé de se méfier des réseaux sociaux et des opérateurs
téléphoniques. La seule façon d'être certain de ne pas être espionné par un
compteur communicant est… d'avoir un compteur ordinaire.
Pour finir, il faut dire haut et fort que la question des Linky est avant tout une question démocratique, et qu'il
est insensé que, dans un pays comme la France, tous les moyens soient utilisés
pour imposer des compteurs communicants à d'innombrables citoyens qui n'en
veulent pas. Une des caractéristiques du macronisme -
et de ses députés godillots - est d'être "en marche" forcée vers un
implacable totalitarisme numérique, lequel fera sous peu passer les services
comme la securitate et la stasi
pour d'archaïques amateurs.
Stéphane
Lhomme
Conseiller municipal de Saint-Macaire (Gironde)
Animateur du site web http://refus.linky.gazpar.free.fr