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Communes et particuliers, |
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Décembre
2022 - Janvier 2023
Compteurs Linky : une désinformation orchestrée
par l'AFP et reprise par de trop nombreux médias
Il est bien connu qu'une dépêche de
l'AFP est le plus souvent reprise telle quelle par de nombreux médias qui la
reproduisent automatiquement sur les sites web et souvent le lendemain dans les
journaux papiers, sans parler des reportages radio et tv.
C'est de cette façon que les
citoyens français ont été une nouvelle fois trompés sur la question du
compteur Linky, par le biais d'une dépêche AFP publiée le 15
décembre et titrée "Électricité : le relevé de compteurs payant à
partir du 1er janvier pour certains clients non équipés de Linky".
On notera d'abord que la dépêche
précise elle-même que ce fait a été "indiqué à l'AFP le gestionnaire
du réseau de distribution d'électricité Enedis"
: l'AFP se fait donc petit soldat à la disposition de la communication du
distributeur d'énergie et installateur des Linky.
Bien sûr, habilement, la dépêche ne
dit rien de formellement faux, mais la vérité est néanmoins totalement
travestie : certes, la relève des compteurs sera payante à partir du
premier janvier… mais seulement pour une infime minorité des 4 millions de
foyers qui ont réussi à conserver leurs compteurs ordinaires (malgré les
menaces et intimidations d'Enedis et de ses
sous-traitants).
En effet, la quasi-totalité de ces
"anti-Linky" transmettront au moins une
fois par an leur consommation à Enedis par Internet
ou par téléphone et n'auront alors rien à payer au moins jusqu'en 2025,
et probablement au-delà (*).
Si elle avait pour objectif
d'informer et non de tromper les citoyens, l'AFP n'aurait pas titré sur les
éventuelles rares personnes qui ne transmettront pas leur consommation à Enedis (on se demande bien pourquoi elles ne le feraient
pas !) mais sur les vrais enseignements de cette affaire.
La première chose qu'il fallait en
effet noter est que, contrairement à ce qui a été prétendu depuis le début du
programme Linky en 2015, il est finalement avoué
par Enedis que les compteurs ordinaires restent
parfaitement légaux et peuvent être conservés sans avoir rien à payer ou au
pire en échange d'une faible facturation pour quelques rares étourdis. Nous
insistons d'ailleurs bien sur le fait qu'il s'agit bien d'une simple facturation,
parmi toutes celles figurant dans le catalogue d'Enedis,
et en aucun cas d'une "amende".
Si elle avait fait preuve du minimum
d'éthique professionnelle, l'AFP aurait titré sa dépêche par quelque chose comme
"Il était donc bien possible et légal de refuser les compteurs Linky", et rendu ainsi justice aux opposants
qui affirment cette vérité depuis 2015 (**).
Notons aussi que, même si cette
facturation de 5 euros par mois était finalement appliquée, son coût resterait
bien plus faible que les augmentations de factures et d'abonnements que
subissent de très nombreux habitants dès la pose du compteur Linky. Cela non plus, l'AFP s'est bien gardée d'en
parler, tout comme sont évacués les nombreux et parfois graves problèmes
générés par le Linky.
Outre les surfacturations, on peut
lister : dysfonctionnements divers, mise en danger par les ondes et les risques
d'incendies (mortels), surveillance de masse rendue possible par la captation
d'innombrables données, et mainmise autoritaire et arbitraire sur la
consommation des habitants "Linkysés" qui
peuvent se voir couper l'électricité à distance.
A ce sujet, la récente affaire des cumulus (***) est
parfaitement édifiante : depuis 2015, hélas relayée par trop de médias, la
propagande d'Enedis affirmait que, avec les Linky, les habitants allaient pouvoir "maîtriser
leur consommation" et "devenir acteurs" de
cette consommation.
Or, la première utilisation
spécifique du Linky relève exactement du contraire
: une prise en main autoritaire et arbitraire de la consommation par Enedis, autorisée par un arrêté gouvernemental. Loin
d'être acteur, l'habitant "linkysé" est au
contraire totalement dépossédé de son libre arbitre.
Bien que dûment sollicitée par des
dizaines de collectifs anti-Linky, l'AFP s'est bien
gardée de faire état du fait que la majorité de la population française a
été totalement trompée. Au contraire, divers médias ont stigmatisé les
"sans-Linky, qui échappent effectivement aux
coupures d'électricité à distance, les taxant de "mauvais citoyens"
alors qu'ils sont en réalité parmi les plus attentifs à économiser l'énergie.
Alors que l'industrie nucléaire
française ne cesse d'étaler ses déconvenues et son incompétence, la France
importe massivement de l'électricité de chez ses voisins depuis des mois. Mais
ces derniers ne pourront pas nous sauver indéfiniment et il y a fort à
craindre que les Linky ne soient bientôt utilisés de
façon encore plus intrusive et autoritaire.
Après que 10 milliards aient été
gaspillés dans le programme Linky, et au lieu de
lancer de ruineux chantiers de réacteurs nucléaires qui ne manqueront pas de finir
en désastre comme celui de l'EPR de Flamanville, il est grand temps de
financer les économies d'énergie et les énergies renouvelables…
Stéphane Lhomme
Directeur de l'Observatoire du nucléaire
Animateur de http://refus.linky.gazpar.free.fr
(*) Nous estimons que cette
facturation ne sera probablement pas mise en place car, pour cela, il faudrait
qu'Enedis embauche à nouveau du personnel pour
effectuer les relèves de consommation. Or, licencier tous les releveurs - ce
qui a hélas été fait - était au contraire un des objectifs du programme Linky dans le but de rendre Enedis
encore plus rentable et d'en préparer la privatisation.
(**) Au contraire par exemple de la
direction de l'UFC-QueChoisir, qui n'a cessé de
mentir dans cette affaire et qui a perdu
les procès intentés à l'encontre d'un des animateurs du mouvement anti-Linky. Bien que dûment informée, l'AFP n'a strictement fait
aucune mention des déconvenues judiciaires de la principale association de
consommateurs, qui plus est convaincue de
s'être acoquinée avec les fournisseurs d'énergie et Enedis…
(***) Par le biais des compteurs Linky, Enedis empêche le
réchauffage de l'eau des cumulus pendant les heures creuses de la mi-journée,
sans l'accord des habitants.